terre ferme (La) de Christiane Frenette

	Boréal 1997, 145 p. ISBN : 2890528448	Christiane Frenette Lien(s) vers le Guide: - Christiane Frenette - terre ferme (La) Lien(s) externe(s): - Christiane Frenette sur L'ÎLE
À noter : Prix littéraires du Gouverneur général de 1998 Lectures de «  Mars 1999 » : - cliente (La) - homme est tombé (Un) - terre ferme (La)

J'ai lu le livre La terre ferme de Christiane Frenette: ce livre raconte le drame vécu par un village qui a de la difficulté à se remettre du suicide de deux de ses adolescents. Dans un langage simple mais attachant et poétique, l'auteur nous livre toute la détresse et l'incompréhension ressentie par certaines personnes.
L'auteur termine en disant « ...et nous croyons être guéris. »

Voici un livre hors du commun et d'un style différend. L'auteure nous fait voyager dans le monde intérieur de ses personnage. Nous ne connaissons à peu près rien de leur apparences, nous ignorons leur nom mais nous savons tout ou presque de leurs émotions et de leurs hantises. Le thème abordé est la mort. On y découvre à quel point les personnes décédées peuvent rester présent dans la tête de ceux qui leurs survivent et comment petit à petit l'esprit se libère et la vie peu alors reprendre son court.

Ce roman, je le qualifierais de poème. L'auteure, dont c'est le premier roman, a déjà publié des recueils de poésie que je vais m'empresser de faire venir a ma bibliothèque. On sent son habilité à utiliser des mots comme des notes de la si belle musique de notre langue française.
C'est d'une beauté, d'une tendresse, de mots magiques, de rimes de l'âme, d'espoir et de vie, que c'est beau. À lire et à relire afin de goûter la musique des mots.
Le propos : deux jeunes se suicident sur le fleuve et le souvenir qu'ils laissent derrière eux envahie l'inconscient des habitants de la petite ville où ils vécurent. Ce fait divers fait vivre un douleureux cheminement à trois femmes, l'adolescente et sa mère et une jeune cadre d'un âge indéterminer mais que nous imaginons dans la trentaine, vers l'acceptation de leur réalité propre.
Ce n'est pas un « happy end » dans la plus pure tradition. Non. C'est un constat que la vie est ce qu'elle est, que l'on a le choix de la prendre en main ou pas, et de vivre avec ce que l'on a de beau et de moins beau en nous.
Je vous laisse sur trois phrases qui m'ont particulièrement émue.

- « Les jeunes filles qui attendent, l'après-midi, assises sur les banquettes des cafés, sont des déesses qui s'ignorent » p.15

- « Elle est fourbue, a passé la journée à chercher sa fille dans tous les recoins de sa vie. (...) Elle porte une main à son cou, son vertige remplit l'espace » p.135

- « En serrant l'ours en peluche de l'enfance, sur le point de céder au sommeil, elle se dit que c'est peut-être ça aussi, l'ultime tendresse : un rat sale dans la nuit qui la dévisage comme pour l'exhorter à ne pas dépasser le bord extrême d'un quai » p.139

J'accorde 5 étoiles à cette merveilleuse histoire pleine de poésie ou ce poème plein d'histoire.

Dès le début, l'auteure nous introduit en plein drame. Deux jeunes ont disparu sur le fleuve, sur un radeau, et on craint le pire.
Tout au long du roman c'est une lutte entre la vie et la mort. Elle décrit tous les détails de la vie quotidienne en leur donnant une grande importance. Elle nous fait sentir beaucoup la solitude quand elle nous parle de la jeune fille. On ressent aussi la culpabilité des gens de la ville à sortir de leur deuil pour vivre une vie normale. À la fin on sent que la vie reprend le dessus et que tout redevient à la normale, mais on n'oubliera pas.
L'auteur souvent s'adresse directemnet aux noyés, alors il faut faire attention car on en vient à se demander à qui elle parle. Elle donne beaucoup de détails dans ses descriptions et elle a une manière spéciale de nous introduire dans le sujet qu'elle veut aborder.

Dans un petit village du bas du fleuve, le suicide de deux frères adolescents laisse tout la population en état de choc. Les chapitres du roman alternent entre le traumatisme collectif du village et celui de trois personnes que ce drame a particulièrement touchées bien qu’elles n’aient pas de lien de parenté ou d’amitié avec les deux frères.
L’auteure nous raconte l’histoire en s'adressant continuellement aux deux suicidés comme pour leur rappeler l'impact de leur geste. Cette façon de raconter m’a un peu déroutée au début de la lecture. Roman d’atmosphères et d’émotions ce qui m’a surtout plu c’est la grande poésie du récit. Mais ce n'est pas un livre qui se dévore rapidement, il faut se donner le temps d'en apprécier toutes les nuances.